Tiers lieu culturel?

Ceci est l’histoire d’une bonne idée et de la manière dont la politique culturelle d’Esch l’a sabotée. Ce site documente le développement de la scandaleuse ASBL “frEsch”, l’échec de la stratégie culturelle “Connexions” de la commune d’Esch, les intrigues autour de la capitale européenne de la culture Esch2022, et le naufrage du tiers-lieu Bâtiment 4.
Qu’est-ce que le Bâtiment 4 ?
D’après les descriptions de la commune d’Esch, d’Esch2022, de frEsch et même du gouvernement, le Bâtiment 4 – l’ancien bâtiment administratif de la friche Esch-Schifflange – serait un “tiers-lieu culturel et citoyen”. Un espace de plus de 3.000 m², géré par un collectif indépendant de résident·e·s, censé être un lieu de liberté, d’expérimentation et d’innovation sociale et écologique. Ça, c’est pour la théorie.
Qu’est-ce que frEsch ?
frEsch est une ASBL créée par la commune d’Esch pour mettre en œuvre sa propre stratégie culturelle. L’association compte actuellement environ 24 employé·e·s et un conseil d’administration présidé par Pim Knaff, l’échevin de la culture d’Esch. frEsch serait censée transformer Esch en un pôle de créativité, de diversité, d’innovation et de création. Ça, c’est pour la théorie.
Timeline
Esch mise sur la culture
“Nous n’allons pas simplement construire un nouveau théâtre, inviter des groupes de musique coûteux ou encore ériger des pavillons qui seront démolis après deux ans.” (Forum, 2016)
Avec ces mots, la bourgmestre de l’époque, Vera Spautz, présente le projet de la Ville d’Esch de poser sa candidature pour devenir capitale européenne de la culture en 2022.
Pour répondre aux conditions imposées par la Commission européenne, une stratégie culturelle est adoptée en juin 2017. Le “Plan [Connexions]” est approuvé par tous les partis du conseil communal. Une intention claire est définie :
« Faire d’Esch-sur-Alzette un centre culturel créatif reconnu (dans la Ville, la région, le pays et la Grande Région) pour la diversité de sa culture et sa capacité d’innovation et de création. » (Plan Connexions, 2018)
À ce stade, il n’est pas encore question du Bâtiment 4. Cependant, l’idée d’un espace ouvert à la création, quelque part sur le site de l’ancienne friche industrielle d’Esch-Schifflange, commence à circuler.
Changement politique et putsch culturel
Le 8 octobre 2017 ont lieu les élections communales. Une coalition entre le CSV, le DP et les Verts envoie le LSAP dans l’opposition. Georges Mischo devient bourgmestre et la tête de liste du DP, Pim Knaff, est nommé échevin de la culture. Lorsque, le 10 novembre 2017, la candidature d’Esch au titre de capitale européenne de la culture est officiellement acceptée, la nouvelle coalition est déjà en place.
L’accord de coalition en matière de culture est extrêmement vague – et sera systématiquement ignoré.
Sous l’impulsion de Xavier Bettel et de son secrétaire d’État à la culture, Guy Arendt, un putsch est organisé à la tête d’Esch2022 : le personnel autour de Janina Strötgen et Andreas Wagner (Tageblatt, 2018) est remplacé par une “clique de la capitale”, comme est surnommée l’équipe rassemblée autour de la politicienne DP Nancy Braun et Christian Mosar. Officiellement, toutes les personnes impliquées continuent à soutenir l’idée de base du Bidbook, mais en coulisses, 90% du projet est abandonné (Land, 2020). L’objectif n’est plus la diversité, mais la promotion d’Esch en tant que pôle technologique.
Dans le même temps, les communes du Sud voient une opportunité de reprendre leur souveraineté et de récupérer leur budget auprès d’Esch2022. Elles obtiennent ainsi plus de contrôle sur les projets qui seront réalisés sur leur territoire dans le cadre de la capitale européenne de la culture. Esch2022 est affaiblie.
L'arrivée des conseillers
Dans une interview, le coordinateur du service culturel d’Esch, Ralph Waltmans, précise dès février 2016 pourquoi l’année culturelle sera une réussite :
“Zudem arbeiten wir auch mit dem gleichen Expertenteam, das Mons und Lille bei der Konzeption und Planung unterstützt hat” (Forum, 2016). Il fait ici référence à l’équipe autour d’Emmanuel Vinchon. Ce conseiller culturel a rédigé le premier bid book pour Esch, mais celui-ci a été rejeté. Ce ne fut cependant pas la fin de la carrière d’Emmanuel Vinchon et de son équipe à Esch, mais plutôt le début.
Sous le nouvel échevin de la culture Pim Knaff, Emmanuel Vinchon se voit confier en 2018 la direction de la “Nuit de la Culture” à Esch (Le Quotidien, 2018) et transforme l’événement en un méga-événement. Le conseiller Emmanuel Vinchon et son équipe de “Masters of Buzzwords”, l’ambitieux échevin de la culture Pim Knaff, ainsi que le coordinateur du service culturel d’Esch Ralph Waltmans (qui se réinvente et adopte désormais le titre de “directeur”) partagent une vision commune de la culture : des événements aussi prestigieux que possible dans l’espace public, avec des effets “waouh” uniques, réalisés par des professionnels venus de l’étranger, afin de redorer l’image de la ville.
Le succès et la durabilité d’Esch2022 (Reporter, 2018), ainsi que le plan Connexions, ne jouent plus qu’un rôle rhétorique vis-à-vis de la presse.
Un "tiers-lieu culturel" pour Esch ? Allez, pourquoi pas.
Logiquement, l’impulsion décisive pour l’ouverture du Bâtiment 4 ne vient pas de la commune d’Esch, mais de l’Œuvre Nationale de Secours et d’Esch2022, qui lancent fin 2019 l’appel à projets “Tiers lieux culturels”. Le concept de “tiers lieu” décrit une notion concrète de collaboration locale et participative et n’est pas encore établi au Luxembourg.
L’échevin de la culture, Pim Knaff, se concentre principalement sur ses nouveaux “temples de la culture”. Mais avec le Bâtiment 4 en tant que tiers-lieu, il y voit l’opportunité d’ajouter un projet gratuit à la vitrine, qui, du moins en apparence, reflète les objectifs initiaux de la stratégie culturelle d’Esch. Le bâtiment lui est mis gratuitement à disposition par ArcelorMittal et, grâce à la création par la commune d’Esch en avril 2020 de l’A.S.B.L. “frEsch” (culture.lu, 2021), une subvention de 400.000€ de l’Œuvre est en vue.
Le Land a consigné les promesses de Pim Knaff à l’époque :
“Désormais, le bâtiment doit servir comme un soi-disant tiers-lieu culturel. Un espace libre, sans programme fixe, sans structure clairement définie et sans hiérarchie. Dans le Bâtiment IV, les personnes doivent se rencontrer plutôt par hasard et rechercher l’échange culturel. Selon l’échevin de la culture Knaff, les choses doivent se développer d’en bas, sans directives ni objectifs clairs” (Land, 2020).
Investissement en pierre et béton
“Nous ne construirons pas de nouveaux temples de l’art”, déclarait Ralph Waltmans, chef du service culturel de la Ville d’Esch, en 2016 en vue d’Esch2022 (Wort, 2016). Mais plus la Capitale européenne de la culture approchait, plus ces déclarations s’effaçaient. Pim Knaff, l’échevin de la culture, annonçait fièrement la transformation du Bridderhaus, la rénovation du Musée de la Résistance, la construction d’un nouveau conservatoire, la rénovation de l’Ariston, l’ouverture d’un musée d’art dans l’ancien magasin de meubles Lavandier ainsi que le “tiers lieu” Bâtiment 4 (Wort, 2020). Et tout cela, indépendamment d’Esch2022.
Au sein de la lutte d’influence autour de la Capitale européenne de la culture, les communes du sud se concentrent sur leurs propres projets au lieu de contribuer à l’effort collectif. Esch2022, de son côté, met l’accent sur le parrainage privé (Land, 2021). En mai 2020, en plein désaccord interne, le directeur artistique Christian Mosar quitte Esch2022 (Wort, 2020) pour rejoindre frEsch, où il s’attèle au développement de la Konschthal et du Bridderhaus. Plusieurs journaux notent que frEsch représente, en quelque sorte, un projet concurrent d’Esch2022.
Le 10 juillet 2020, ARCELOR-Mittal remet symboliquement à frEsch les clés du Bâtiment 4 (esch.lu, 2020). Cependant, ce ne sera ni le Bâtiment 4, ni même le projet initial qui attireront l’attention, mais plutôt la Konschthal et le Bridderhaus, devenus subitement les projets centraux de frEsch. Petit à petit, le Bâtiment 4 passe à l’arrière-plan.
Le Bâtiment 4 prend vie
Le 13 novembre 2020, l’exposition de CUEVA, une « initiative citoyenne » selon son responsable Théid Johanns, ouvre ses portes dans le Bâtiment 4 (CUEVA, 2020). Plus de 100 artistes se sont approprié les différents espaces pour des expositions et des installations, attirant un large public dans le bâtiment malgré la pandémie (Wort, 2020).
Après l’exposition CUEVA, un nouveau collectif se constitue : au départ, il s’agit de l’initiative HARIKO de la Croix-Rouge, qui trouve une résidence permanente dans le Bâtiment 4 après de nombreuses péripéties ; du collectif théâtral eschois Independent Little Lies avec ses divers projets ; et de F.u.t.u.r.e. de CELL, chargé par Esch2022 d’aménager une piazza participative et écoresponsable devant le Bâtiment 4. Le groupe Richtung22 rejoint ensuite cette équipe, et ensemble ils élaborent la structure de base pour organiser la gestion quotidienne et la cohabitation dans le bâtiment.
frEsch embauche directement auprès d’Arcelor un « facilitateur technique » pour superviser la mise en conformité du bâtiment. En mai 2021, un « facilitateur culturel » est ajouté pour assister le collectif du B4 dans toutes les tâches administratives et organisationnelles. Globalement, frEsch reste presque invisible dans le Bâtiment 4 jusqu’à fin 2022.
Présentation extérieure du Bâtiment 4
“Ce tiers-lieu culturel est géré par un collectif indépendant composé des occupant.e.s permanents (Hariko, CELL, ILL, Richtung22) et basé sur l’intercoopération des associations et des publics” (Citylife, 2021) écrit la municipalité d’Esch dans sa présentation pour l’ouverture du bâtiment.
frEsch, la municipalité d’Esch et aussi Esch2022 s’attribuent à chaque occasion le Bâtiment 4. Pour Esch2022, on peut lire :
« Les valeurs fondamentales de ce projet sont la créativité, l’intercoopération et la co-création ; le désir de créer une société plus ouverte et solidaire basée sur la reconnaissance, le respect, l’accueil et la valorisation de l’Autre ; le désir d’établir une culture partagée et une ‘démocratie culturelle’ ; et, enfin, le désir de construire un monde écologique et résilient. » (Esch2022, 2021)
Mais comme les responsables ne s’intéressent qu’au contrôle de la présentation extérieure, ils s’emparent de la communication du Bâtiment 4 ainsi que de l’organisation de son ouverture prévue pour décembre 2021. Le travail du Cercle de Communication du collectif B4 est placé sous supervision incluant un droit de veto par frEsch et finalement entièrement repris par frEsch. Au lieu de l’événement portes ouvertes et petit festival prévu (budget : 7 000€), frEsch décide de marquer le coup pour l’ouverture officielle du Bâtiment 4. L’organisation est externalisée, plus de 55 000 € sont investis, et les membres du collectif Bâtiment 4 ne sont même pas invités à la réception officielle du matin. Le soir, la fête, totalement surestimée, fait un flop.
Esch est Capitale européenne de la culture
En plus du grand lancement de l’ouverture d’Esch2022 fin février 2022, une anecdote restera mémorable : les Eschois autour de Georges Mischo et Pim Knaff se sont d’abord mis en avant sur scène avant de préférer aller au restaurant plutôt que de continuer à assister au programme officiel d’Esch2022. Le plus grand buzz de l’année provient d’un article de journal britannique évoquant « the EU’s most boring Capital of Culture » (Telegraph, 2022). La Konschthal est restée fermée la plupart du temps en raison de travaux de rénovation et la Bridderhaus n’a été ouverte qu’à la fin de l’année. Mais les Black Eyed Peas (sans Fergie) ont joué devant les hauts-fourneaux de Belval et le conseil échevinal présente des BMW.
Il semble qu’il y ait eu trois capitales européennes de la culture différentes. Premièrement, les projets d’Esch2022 eux-mêmes, qui ressemblent à une publicité pour le site technologique de Belval. Deuxièmement, le programme culturel des communes du sud, qui rivalisent entre elles avec des événements de prestige importés, des fêtes populaires et des feux d’artifice. Troisièmement, le grand nombre de projets plus modestes réalisés par des groupes locaux indépendants.
“Un fil rouge à travers la terre rouge” de Maskénada, “Nightsongs” et “Biergerbühn” d’ILL, “Culture élite au lieu de hauts-fourneaux” de Richtung22, “L’arrivée de la - Jeunesse” de PassaParola, “The visit” de Lucoda, F.U.T.U.R.E. ou encore “Desire Lines” d’Ampersand Variations, ne sont que quelques-uns des 130 petits projets indépendants pour Esch2022 (Esch2022, 2021), qui démontrent le grand potentiel créatif du Luxembourg.
Un deuxième tour de belles promesses vides
La durabilité est le grand mot clé que les responsables de la politique culturelle d’Esch brandissent face à la presse, l’opposition et la population. Le 12 octobre 2022, l’ensemble du conseil communal d’Esch adopte la prochaine version de la stratégie culturelle d’Esch : le Plan Connexions 2.
L’objectif du Plan Connexions I aurait été pleinement atteint, selon Pim Knaff lors de la séance. La preuve en est constituée de “belles images” et d’une autoévaluation réalisée par le service culturel lui-même. Le nouveau document que Pim Knaff présente est, selon ses propres mots :
“pas une stratégie culturelle, mais une feuille de route […] les centaines de missions seront d’abord définies progressivement au cours des prochains mois avec tous les acteurs culturels” (Conseil Communal d’Esch, 2022), et c’est seulement ensuite qu’une véritable stratégie culturelle se dessinerait. Cette stratégie, censée être prête pour fin 2022, n’existe toujours pas à ce jour.
Au moins, la feuille de route indique ce que le Bâtiment 4 aurait pu devenir : “En juin 2023, le Bâtiment 4 sera pérennisé : les bâtisseur‧euse‧s devront d’abord faire un point sur leur travail en 2021-2022 et sur l’orientation souhaitée du Tiers-lieu, au sein d’un projet structuré. L’étude menée par la Ville d’Esch / Esch 2022 / l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte / Université d’Avignon sur la participation dans les Tiers-lieux et qui sera rendue début 2023 devra soutenir cette réflexion. Ensuite, frEsch et la Ville soutiendront le nouveau projet du Bâtiment 4.” (Connexions 2)
Le bilan de l'année culturelle

Aucune des personnes photographiées ici en 2019 n’est plus responsable en 2023. Source: Esch2022, 2019
L’année de la Capitale européenne de la culture n’est même pas tout à fait terminée qu’une bataille autour du bilan commence, dans le contexte probable des élections communales de 2023. Georges Mischo et Pim Knaff qualifient leur bilan de “très positif” (Land, 2022), tandis que l’ex-bourgmestre Vera Spautz déclare : “L’année culturelle a été vendue” (Tageblatt, 2022).
En parallèle, se pose la question de la fameuse durabilité. La directrice d’Esch2022 tente de donner une impulsion finale (Wort, 2023), appelant à intégrer de façon durable Esch2022, mais reste ignorée. Au Parlement luxembourgeois, elle évoque entre autres le risque de voir le financement des projets s’arrêter (Chd.lu, 2023 - p.4).
Selon le rapport d’Esch2022, 124 projets ont été organisés dans le cadre de la Capitale européenne de la culture dans le Bâtiment 4, dont 85% étaient des projets Esch2022 (p.46). Pour ces projets, rien n’est prévu après 2022. Le ministère de la Culture considère que la responsabilité pour la durabilité d’Esch2022 incombe aux communes, mais la Ville d’Esch ne semble pas s’en sentir responsable (Woxx, 2023). En très peu de temps, les activités à Esch et en particulier au Bâtiment 4 s’effacent. Le potentiel se perd.
Le premier grand coup contre le Bâtiment 4

Dès décembre 2022, les équipes des Francofolies et de la Nuit de la Culture visitent les locaux du Bâtiment 4. À présent qu’Esch2022 est terminé, le Bâtiment 4 est censé devenir le centre d’une “Biennale”. Malheureusement, le Bâtiment 4 n’est pas encore totalement vidé.
Lors de la toute première réunion, à laquelle l’échevin de la culture Pim Knaff se rend en février 2023 pour rencontrer les associations présentes au Bâtiment 4, il annonce la fin de l’autogestion. En outre, il est incertain que le contrat avec Arcelor-Mittal pour le Bâtiment 4 sera prolongé au-delà du 31 mai. Dès lors, l’avenir du Bâtiment 4 est gelé. À cette période, le bâtiment n’a ni personnel, ni budget, ni perspective d’avenir. Richtung22 proteste publiquement contre la politique culturelle d’Esch.
frEsch pousse même plus loin : deux des groupes les plus actifs, le projet F.u.t.u.r.e. de CELL et le projet Bunker soutenu par Noc.turn, se voient brusquement expulsés. Ce sont pourtant ces deux projets qui attiraient encore le plus de monde au Bâtiment 4 et animaient la place devant le B4.
La politique culturelle après les élections communales
Après les élections, il devient évident que tout peut continuer comme avant. Loïc Clairet, nommé directeur général de frEsch, présente le programme de la Biennale d’Esch 2024. Cela se comprend : à Mons, où Loïc Clairet avait travaillé précédemment, une biennale avait également été vue comme la solution miracle après l’année de capitale culturelle.
Cependant, avec l’attribution finale des locaux du B5, l’ancienne université d’Arcelor-Mittal, l’intérêt pour le Bâtiment 4 retombe soudainement. De nombreuses salles du Bâtiment 4 restent vides. Une réunion du CA de frEsch en juin, censée discuter de l’avenir du Bâtiment 4, est reportée à une date indéterminée. Dans le vide laissé au Bâtiment 4, un membre du Bunker-Collectif venant récupérer des affaires subit même une agression physique de la part du Facilitateur Technique.
Ce n’est qu’en octobre 2023 que l’opposition à Esch commence à réagir, avec une série importante de questions posées par le LSAP à Pim Knaff au conseil communal. Cela annonce que la politique culturelle, jusque-là marquée par une unanimité relative garantissant calme et stabilité au sein du conseil municipal, deviendra désormais un sujet central de controverses politiques.
Temps troublés à Esch
Pendant des mois, rien ne se passe au Bâtiment 4, puis, sans avertissement, trois artistes et le collectif artistique Richtung22 se voient résilier leurs espaces. Richtung22 tente d’abord de contacter frEsch, mais ne reçoit aucune réponse) et rend ensuite l’affaire publique. La presse fait état de l’affaire et Pim Knaff décide de ne pas expulser le collectif artistique. Lors d’une réunion du conseil municipal (à partir de 1:06:00), il promet une médiation entre frEsch et Richtung22.
Deux semaines plus tard, une autre affaire devient le centre de débats publics : Reporter révèle que l’échevin de la culture, Pim Knaff, a été condamné pour fraude fiscale aggravée. Le scandale domine les reportages sur Esch pendant des semaines. Étonnamment, cela n’a aucune conséquence pour Pim Knaff. Les partenaires de la coalition craignent une perte de pouvoir, et l’opposition reste globalement passive.
Entre-temps, le programme festif de Loïc Clairet se poursuit sans changement selon le même schéma que les années précédentes. David Guetta se produit aux Francofolies 2024. Pour l’ouverture somptueuse de la Biennale (Chronicle, 2024), des sommes colossales sont destinées à des compagnies extérieures à la Grande Région. La contribution des artistes locaux se limite à quelques danseurs et à la musique d’ambiance de l’aftershow.
Teflon-frEsch
Avec son scandale fiscal, Pim Knaff est désormais sous surveillance. Après des années d’opacité, il est désormais contraint de fournir des bilans financiers détaillés de frEsch aux partis d’opposition (Wort, 2024). Des conflits d’intérêts flagrants deviennent visibles. Le Tageblatt dévoile plusieurs histoires autour de frEsch, dont les nombreux emplois secondaires du directeur de frEsch, Loïc Clairet. Mais là aussi, jusqu’à aujourd’hui : aucune conséquence.
Depuis que frEsch tente d’expulser Richtung22 du Bâtiment 4, le chef du service culturel d’Esch, Ralph Waltmans, est en congé maladie. C’était lui qui, peu avant, avait orchestré l’expulsion du collectif. Une médiation a été lancée par frEsch en octobre 2024, mais à ce jour, le CA de frEsch refuse toujours une discussion directe avec Richtung22. L’ex-responsable Ralph Waltmans a, entre-temps, été transféré au Ministère de l’Éducation comme chargé de l’inclusion et de l’innovation.
L’avenir du Bâtiment 4 reste incertain. Le bâtiment reste ainsi un symbole d’une politique culturelle qui n’ose pas croire au potentiel de sa propre ville. Au lieu de se concentrer sur sa propre stratégie, de soutenir les artistes locaux et de favoriser la collaboration entre ses institutions culturelles, des millions sont injectés dans des recettes génériques proposées par des consultants culturels à but lucratif.